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30 juillet 2021

Compression de César, une radicale simplicité

Sculpteur aux fers soudés, César découvre en 1960 la puissance d’une presse hydraulique d’un genre nouveau, dans la casse d’un ferrailleur de Gennevilliers. Immédiatement fasciné par cette puissance spectaculaire qui déforme jusqu’aux objets les plus imposants et transforme les volumes, il décide de réaliser 3 compressions hors-norme de voiture, qu’il présente le 8 mai 1960 à l’inauguration du Salon de Mai, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Sitôt présenté, le geste radical fait scandale. Les collectionneurs se braquent, refusant le caractère artistique de cette œuvre, sobrement intitulée « Trois Tonnes ». Même son marchand Claude Bernard ne saurait soutenir cette présentation d’épaves massives, éclatées, déchirées, compressées…

La Compression de César entre pourtant dans l’Histoire de l’Art. Immédiatement reconnu par Pierre Restany pour son exaltation de « la beauté de la nature urbaine, industrielle et publicitaire », César sera invité à rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, un courant novateur, aux côtés notamment d’Yves Klein, Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle.

compression de cesar, exposition au centre Pompidou

Techniques de compression et d’agrandissement, la signature d’un artiste

La compression des César continue dès lors malgré les railleries des collectionneurs. D’expérimentation en expérimentation, César inaugure la compression dirigée, testant le pressage de plus petits objets, plus maniables, avec une grande diversité de matériaux. Grâce aux nombreux déchets et objets hors d’usage qu’il recueille, l’artiste soude par compression les éléments les plus inattendus. Toujours aplati, dense, le parallélépipède ainsi obtenu intrigue. Il est érigé comme totem et des commanditaires commencent à lui proposer de réaliser de toutes petites compressions portatives ornées de pierres précieuses, comme autant de bijoux d’artiste soumis aux aléas d’une presse implacable, d’une combinaison de choix et de hasard.

César le dira lui-même :

« Tous les matériaux sont des matériaux de sculpteur. Il n’y a pas de matériau qui ne soit pas matériau de sculpteur. Tu prends du papier, du chiffon… je ne crois pas qu’il y ait des limites dans les matériaux. »

Il ose ainsi sublimer la tôle d’acier, réaliser la Compression de Canettes en 1980 et recueillir moult fourchettes pour nous étonner, en 1988, par sa Compression de couverts en métal argenté.

Fragment anatomique aux proportions monumentales, Le Pouce, quant à lui, sera réalisé sur un moulage de son propre pouce pour la première fois en 1965. L’œuvre rencontre un tel succès que Le Pouce sera reproduit en divers matériaux puis agrandi jusqu’à atteindre 12m de haut pour orner les villes de La Défense, Séoul, Washington ou encore Coblence. Le Pouce est tout autant un symbole du travail manuel que l’empreinte d’une vanité inlassablement dressée vers le ciel.

Bon à savoir
Une œuvre de César Baldaccini vaut actuellement en moyenne 15 250 €, preuve que même les déchets de notre société peuvent se trouver sublimés par la main, le talent et la démarche d’un artiste de son époque.

 

César et le Nouveau Réalisme

Les Nouveaux Réalistes sont avant tout un regroupement d’artistes sous l’œil avisé de Pierre Restany, critique d’art et d’Yves Klein, peintre réputé pour son « Aventure Monochrome ». Ensemble, les deux hommes théoriseront le Nouveau Réalisme, un mouvement qui apporte une dimension sociale à ses œuvres et s’approprie des fragments du réel pour retranscrire une nouvelle expressivité. Comme ils l’écrivent à la craie dans leur Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme du 27 octobre 1960 :

« Nouveau réalisme = nouvelles approches perspectives du réel »

 

Pourquoi les César ?

Le nom de la récompense de l’Académie des César vient non pas de l’Empereur Romain, mais du sculpteur César, concepteur du trophée remis aux vainqueurs dans chaque catégorie à partir de 1976.

À l’occasion de la 1re Cérémonie des César, César Baldaccini va donc son premier trophée, une bobine de film entourant une silhouette, pour un résultat plutôt sobre et assez proche des Oscars. Le succès n’étant pas au rendez-vous, il retravaillera une nouvelle version de trophée en 1977.
Cette fois, c’est la bonne ! Dans la fonderie d’art Bocquel, César réalise une compression de bronze et de dorure de 29 cm de hauteur et de 3,6 kg qui représente des ornementations de mobilier et ressemble étrangement à une bûche creuse à l’aspect doré.

Une consécration pour l’artiste comme pour les lauréats du cinéma français.

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